• Révolution des jasmins: ce que nous cache les médias en Europe !

    Le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid, un jeune chômeur qui avait recours à la vente ambulante de fruits et légumes pour vivre et nourrir sa famille s’immole par le feu après la confiscation de sa marchandise par la police municipale tunisienne.
    La région s’embrase, la petite ville rurale du centre ouest de la Tunisie jusque là ignorée de tous fait rapidement le tour de la toile. L’étincelle prend vite, très vite, gagnant en l’espace de quelques jours plusieurs villes, du nord au sud du pays.
    Depuis, bravant l’interdit, de nombreux manifestants sont descendus dans la rue pour crier leur raz le bol d’un système gangrené par le clientélisme, la corruption et n’offrant aucune perspective d’avenir. Ensemble, jeunes, vieux, chômeurs, travailleurs, avocats, étudiants, lycéens se sont insurgés contre un régime où la répression règne depuis plus de deux décennies.

    AccueilSidi Bouzid n’est en réalité que le symptôme d’une révolution manquée. Elle est une mèche allumée par le désespoir d’un homme mais tout autant une brèche dans un système où d’ordinaire, rien ne filtre.
    Sidi-Bouzid devient alors le symbole d’une révolution qui cherche désormais, un nouveau nom.

    Joli nom pour une révolution

    C’est par la « La révolution des jasmins », ainsi joliment nommée que s’est faite la prise de pouvoir du 7 novembre 1987 par le général Ben Ali, devenant par ses propres ordres, président.

    Par là, il entendait marquer la rupture avec un régime chancelant et dont les émeutes à répétition liées à l’inflation des prix mais aussi et surtout à une page de l’histoire qui tardait à se tourner, avaient fini de précipiter l’agonie.
    Bourguiba affaibli, malade (certains disaient même, sénile) ? vive Ben-Ali !

    Que la douceur du jasmin, symbole de ce doux pays de moins de 11 millions d’habitants, ait pu conduire une révolution et asseoir enfin la démocratie, nul doute ?

    Que cette révolution tant vantée, « exemplaire » aux yeux de nombres de gouvernements occidentaux pour son absence de violence et d’effusion de sang. Certes, elle forçait l’admiration et venait renforcer la sympathie dans l’alliance contre l’islamisme. Que cette révolution devait permettre donc au plus paisible pays du monde arabe de couler des jours heureux, nul doute ?

    Que depuis le 7 novembre 1987 la Tunisie ait été gouvernée vingt trois années durant sous la maxime chère à Abraham Lincoln : « par le peuple et pour le peuple », nul doute aussi ?

    C’est en tous cas ce qu’a réussi à vendre pendant tout ce temps, le régime Ben Ali malgré les appels d’air de La presse étrangère. Et, en premier lieu à ses amis de l’autre rive de la Méditerranée.

    - De la violation répétée des droits humains aux tortures, sévices et enlèvements à répétitions, que nenni.

    - D’une presse muselée sans couleurs ni échos se contentant dans un style feutré et monocorde de rapporter au quotidien les moindres faits et gestes du monarque, que nenni.

    - D’un régime politique n’admettant aucun parti d’opposition ou voix dissidente et qui d’élection en élection continuait de s’arroger les pleins pouvoirs dans des scores rocambolesques ne descendant pas au dessous des 97%, que nenni.

    La Tunisie renforcée par un boum économique essentiellement impulsé par le tourisme et l’industrie textile où la main d’œuvre bon marché attire la convoitise des grandes enseignes étrangères pouvait ainsi se targuer d’un « vive la modernité ! »

    Mais, depuis le malheureux épisode du 17 décembre dernier, où un homme, Mohamed Bouazizi, âgé d’une vingtaine d’année seulement, marqué dans sa chair par la blessure et l’humiliation se fait sans le vouloir, l’écho de la souffrance et de l’indignation de tout un peuple, le masque est tombé.

    A présent, les affrontements entre policiers et manifestants se poursuivent et s’amplifient.

    Tour à tour, Sidi Bouzid, Djerba, Gabès, Sfax, Thala, Sousse rejoignent le mouvement. Sousse et Jendoubba où des avocats sont molestés en plein cœur du palais de justice pour avoir osé soutenir les habitants de Sidi Bouzid et dénoncer le pouvoir en place, déplorable image, symbole d’une amère réalité.

    Tunis, la capitale quant à elle où tout début d’insurrection, rassemblement ou rumeurs de manifestations est tué dans l’œuf, réprimée par une descente sans précédent dans les rues des forces de l’ordre, reste jusqu’alors une forteresse intouchable. Les journalistes tunisiens mis hors d’état de nuire depuis des années, sont dès le début des évènements de Sidi Bouzid, les premières victimes collatérales.

    Placés sur écoute, pistés, leurs moindre faits et gestes sont épiés. Ainsi, interpellations, arrestations, humiliations se sont succédé durant ces deux semaines à leur encontre.

    Avec de telles pratiques, l’information qui a le plus grand mal à circuler par les réseaux classiques prend un détour sans précédent.

    Facebook, une fenêtre dans une prison

    La jeunesse, elle, a bel et bien décidé de ne plus se taire.
    Outre les manifestations spontanées malgré les risques encourus où les slogans les plus improbables sont scandés à l’encontre du régime en place, de la belle famille du président accusée de piller le pays, la bataille de l’information fait rage sur le net.

    Entre l’ATI (agence tunisienne de l’internet) régie par le gouvernement, selon les utilisateurs tunisiens de facebook et les internautes, c’est un véritable jeu du chat et de la souris qui se met alors en place.

    Après la censure de plusieurs sites et réseaux sociaux tels que youtube, dailymotion ou twitter, facebook reste la seule fenêtre pour communiquer sur le territoire et à l’extérieur.

    Ainsi, le 3 janvier, jour de rentrée scolaire et universitaire, un appel à la grève et à la désobéissance civile est lancé via facebook à plus de 10 000 jeunes.

    La contestation se poursuit dans plusieurs villes : Tunis, Sidi Bouzid, Sfax, Gafsa, Grombalia, Bizerte ; Sousse et Thala où des heurts ont lieu dans ces deux villes entre manifestants et forces de l’ordre.

    Thala, autre ville rurale du nord ouest de la Tunisie, autre oubliée des régimes Bourguiba et Ben Ali, privée, punie du fameux boum économique pour s’être jadis rebellée, ne compte plus, non plus ses diplômés chômeurs.

    Dans le bassin minier de Gafsa où des émeutes sur fond de chômage ont éclatés il y a trois ans, on ne décolère pas.
    Les anciens prisonniers arrêtés suite à ces évènements puis relâchés un an plus tard grondent.

    Réunis lundi 3 janvier au siège de l’Union générale des travailleurs tunisiens de Redeyef, ils demandent leur réintégration dans la fonction publique, des solutions contre le chômage et la libération des jeunes de la ville récemment arrêtés.

    Au printemps 2008, le pouvoir avait réussi à contenir le mouvement populaire du bassin minier de Gafsa dans la région en bloquant l’information.

    Cette fois-ci, grâce à Internet et Facebook en particulier, en peu de temps plusieurs villes se sont rapidement jointes au mouvement.
    Mais, certains comptes et sites font l’objet d’une véritable chasse à l’homme par l’ATI bloquant certains, piratant d’autres.
    Usant de bricolages, de subterfuges divers et surtout bravant la peur de la répression et ses conséquences, les blogueurs et utilisateurs de facebook tunisiens ont malgré tout réussi en utilisant des proxy (outil permettant de masquer les traces de sa connexion) à contourner le blackout sur l’information.

    Des internautes tunisiens seraient même allé jusqu’à lancer une campagne internationale auprès de blogueurs étrangers afin d’aider les jeunes tunisiens à pirater les sites officiels du gouvernement.
    Le groupe de Hakers, Anonymous connu pour son soutien à Wikileaks, ses actions contre l’église de scientologie et le piratage du site gouvernemental du Zimbabwe a entendu la demande des tunisiens et s’est dit prêt à les aider.

    La censure sur le net en Tunisie a aussi un nom, surnommée Ammar par les tunisiens, elle s’attaque aux « cyber activistes ».
    Confronté donc aux contestations de la rue, à la blogosphère, au succès de Facebook mais également aux Anonymous, le Big brother tunisien ne sachant plus où donner de la tête bloque de manière intempestive, compulsive blogs et autres comptes Facebook.
    Face à cette montée en puissance d’une contestation qui refuse désormais de cacher son nom, RSF publie aujourd’hui un communiqué dénonçant le renforcement de la censure en Tunisie.

    Dans ce contexte, une zone d’ombre demeure néanmoins prégnante.
    Bien que toutes ces informations soient disponibles depuis plusieurs jours sur le net, nos médias, réputés libres de toutes entraves ont attendu plus de deux semaines pour couvrir les évènements en Tunisie. Une situation pourtant tout aussi grave et cruciale que ce qui se passe en Côte d’Ivoire ou en Biélorussie.
    Un silence pour le moins éloquent.

    Alors que Mohamed Bouazizi, le jeune vendeur de fruits et légumes à la sauvette de Sidi Bouzid s’est éteint mardi 4 janvier des suites de ses blessures, les tunisiens continuent de se débattre sur le net et dans la rue comme de pauvres diables.

    Ce que les médias français ont qualifiés d’"incidents", "heurts", "émeutes", "troubles isolés", traités comme épiphénomènes, sont peut-être justement après plus de vingt années de censure et de répression, l’annonce d’une ère nouvelle.

    C’est l’avenir qui le dira. En attendant, la lutte se poursuit bel et bien, les avocats tunisiens ont lancé un appel à la grève pour le jeudi 6 janvier.

    D’ores et déjà, une chose est sûre, la peur semble avoir changé de camp.

    Source : Tania Rougemidi.org/Tunisie

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  • Commentaires

    1
    lnXDkecrnUeBrXk
    Mercredi 10 Août 2011 à 16:39
    Always a good job right here. Keep rollnig on through.
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